Le ‘Photoshopping’

2019-03-03

À la vue d’une de mes images, oh! combien de fois ai-je entendu, à mon grand désarroi, la remarque suivante :

“Oui, c’est beau… MAIS!… c’est ‘photoshoppé’ !!”

Comme si, d’avoir amélioré une image pour qu’elle corresponde à ‘ma vision du moment’ était une tare! Pourtant, il faut savoir que de tout temps les photographies que nous regardons sont traitées d’une façon ou d’une autre.

Qu’il s’agisse des tirages sur papier format 4×6 de nos souvenirs quotidiens captés anciennement sur pellicule ou maintenant de façon électronique, ou encore d’un tirage d’art grand format, il y a toujours eu l’intervention d’un technicien ou du procédé même imposé par la machine de traitement. Hormis la pellicule transparente positive couleur (la diapositive) ou les fichiers bruts (Raw) générés maintenant par nos appareils photonumériques, l’image subit toujours une certaine manipulation, un certain traitement.
Les fichiers ‘Raw’ remplacent maintenant nos anciens négatifs et comme auparavant ils ont besoin d’être ‘développés’.

Par exemple, cette image de l’Agence Magnum (nous permettant de mettre un visage sur le mythique photographe Henri-Cartier Bresson) a nécessité l’intervention du ‘tireur’ pour ajuster l’exposition de ses différentes zones. Il y a eût en quelque sorte une manipulation de l’image originale pour en tirer un rendu optimal.

Lors d’un tirage noir & blanc, la technique du ‘dodge & burn’ (qui consiste à retenir l’exposition sur certaines parties de l’image et à exposer plus longuement d’autres parties afin de compenser les écarts d’exposition de la scène) s’imposait pratiquement toujours; en chambre noire, il était assez rare de pouvoir réaliser un beau tirage sans aucune intervention de ce type.

Ces techniques sont facilement réalisables dans Lightroom (Lr) et Photoshop (Ps); avec le grand avantage de ne plus avoir à se cacher dans le noir! Et de voir les résultats pratiquement en temps réel.

Le but de ‘faire de la photographie’ n’est-il pas de saisir un moment unique et de le rendre le plus fidèlement possible, en lien avec la vision d’origine ! ??

Aujourd’hui les moyens de faire se sont décuplés et sont accessibles comme jamais auparavant! Pour avoir passé tant d’heures en chambre noire à peaufiner le tirage de mes images, je continue de penser que j’ai avantage à consacrer du temps pour éditer et développer ma ‘récolte’. Faisant des outils logiciels comme Lightroom et Photoshop (et aussi bien d’autres, comme ‘ON1’), les prolongements logiques de l’évolution et de la finalisation d’une image.

 

Une image gagne à être développée et portée jusqu’à la vision du moment capté.

En voici un exemple : un portrait fait sur le vif en lumière naturelle.
Une lumière difficile à évaluer, et pas beaucoup de temps pour faire des ajustements…
Il en résulte deux fichiers pour une même prise de vue; le fichier ‘raw’ (avant) et le fichier ‘jpeg’ (après) traité par le processeur de l’appareil pour donner un contraste amélioré (dans ce cas-ci, avec la fonction D-Lighting Nikon). Dans les deux cas, l’image obtenue est beaucoup trop contrastée et ne rend pas justice à la véritable luminosité de la scène.

Malgré toute la performance de mon appareil, sans l’ajout d’un réflecteur ou l’utilisation du flash, il m’a été difficile de mettre en lumière le souriant visage de mon amie photographe.
Réalisé en fin de journée sous une lumière directe, presque à contre-jour, la plage dynamique des fichiers obtenus restent loin de ce que j’ai perçu originalement.
Le développement s’impose…

Lors d’une prise de vue sur le vif, le cadrage et la composition ne sont pas toujours réussis!
À l’aide du logiciel Lightroom, j’ai donc tout d’abord recadré l’image.
Par la suite les couleurs et les tonalités de l’image ont été ajustées; l’exposition a été légèrement rehaussée, le contraste diminué, les ombres ‘débouchées’, les hautes-lumières adoucies, sans compter la correction de la température couleur pour mieux représenter la chaude lumière de fin de journée.
Pour contrecarrer des ombres trop fortes, il m’a fallu éclaircir ‘localement’ le regard et adoucir les traits du visage avec les outils de Lightroom. J’ai aussi procédé à des retouches cosmétiques mineures au niveau de la peau et de la coloration des cheveux. Malgré tout ce travail, avec pareille lumière, tous les traits et toutes les pores du visage restent trop accentués; et c’est là qu’est entré en jeu Photoshop.

Ayant atteint la limite de mon développement en Lr, j’ai basculé en Photoshop qui, outre de pouvoir faire le même travail que Lr, peut aller plus loin lorsqu’il s’agit de retouches.
Je me suis donc permis de ‘flatter’ les traits du visage sans toutefois en retirer les caractéristiques; tout comme j’ai rehaussé les reflets dans les cheveux, le chapeau et la main tenant l’appareil. Le but pour moi étant d’obtenir un résultat ‘lumineux’ et chaleureux à la hauteur du beau sourire du sujet. Il m’apparaissait aussi avantageux de corriger la position de l’avant bras appuyé sur la poutre (correction qu’il aurait été difficile à réaliser avec Lr).
Photoshop permet cela à divers niveaux; à chacun ses recettes et le degrés de traitement ‘acceptable’ tout en respectant l’intégrité du sujet.

Alors, oui! Il y a ‘photoshopping’!! Le développement est une étape nécessaire qui consiste à révéler toutes les qualités d’une image, sans culpabilité, sans leurre. Mais il y a plus aussi; toujours voir un peu plus loin !… Auparavant, alors qu’il était assez fastidieux de faire des retouches cosmétiques à une image; aujourd’hui tout est possible! Et tant qu’à moi, s’il s’agit d’être fidèle à la vision du photographe ou même de son sujet, pourquoi se priver de ces magnifiques outils? Tout est question de style et d’approche personnelle; la mienne se voulant plutôt sobre et peu interventionniste.

Ma règle d’or : que le sujet puisse être révélé à sa juste valeur ! Sans que labeur & artifices y soient perçus…

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